Gale de boue, pourrissement de la fourchette, ramollissement des sabots, et autres déconvenues…

Avec la saison froide qui approche, il est temps de se préparer à l’arrivée potentielle de toutes ces plaies qui viennent pourrir la vie de Loulou. Le froid n’est pas le plus gros problème. L’humidité, en revanche, c’est une autre histoire! Sabots et membres en souffrent, et les ennuis peuvent aller bien plus loin qu’une corne un peu ramollie. Et comme on ne le répètera jamais assez, rappelons le vieil adage: « Pas de pieds, pas de cheval! », nous vous avons préparé quelques conseils made in Esprit-Equitation (avec quelques tips de cavaliers dedans), dont voici la première partie. Affaire à suivre, donc.

Comme toujours, il faut commencer par se poser les bonnes questions et faire un suivi régulier de l’état général de Loulou. Bonne question numéro 1 : quel est le mode de pension de Loulou? Est-t-il au pré, au box, est-ce que vous êtes dans une région très humide, est-ce que Loulou a la peau particulièrement fragile (oui, les chevaux à Balzane, on pense particulièrement à vous…)? Bonne question numéro 2 : Comment adapter les rituels de soins au mode de pension et aux pieds de Loulou (certains chevaux sont plus fragiles que d’autres et tous n’ont pas les mêmes besoins !), soit comment faire du préventif – adapté à la situation – et comment reconnaître les premiers symptômes

Chapitre 1 : Modes de pension et soins de base:

Au pré ou au box?

La boue en tant que telle n’est pas un problème (sauf pour les ferrés à cause de l’effet ventouse… si si, vous le connaissez, vous qui, comme tous les cavaliers, avez un jour fini par mettre votre pied à peine recouvert d’une chaussette dans la boue suite à la perte de votre botte engluée!). Mais l’humidité fragilise l’épiderme et ramolli la corne. Ajoutez à cela que l’eau stagnante (les flaques, par exemple) et la terre humide sont un terreau fertile pour toutes sortes de bactéries, et vous comprendrez aisément pourquoi les prés boueux sont le terreaux des dermatophiloses (gale de boue pour les intimes) et autres crevasses. 

Il serait tentant d’en déduire qu’il suffit alors de garder Loulou au box pour éviter les ennuis. Ah, si c’était aussi simple! Mais l’ammoniac crée par le fumier peut être bien plus nocif que la boue. En effet il est irritant voire corrosif en fonction de sa concentration. Aussi, si Loulou est au box, garder celui-ci propre et sec est essentiel (pas qu’en l’hiver, nous sommes d’accord). Si le box est gardé propre, sec et bien aéré, vous limitez le développement des bactéries dans l’environnement de Loulou, et ça, c’est chouette. Oui, mais alors son pied aura tendance à sécher malgré l’humidité ambiante car la corne ne pourra s’hydrater grâce à l’hygrométrie du sol. Pensez donc à en vérifier l’état régulièrement. Ça serait dommage une corne cassante à la période de l’année où le problème est généralement l’inverse… Et si le sabot s’assèche? A vos pinceaux et graisses pour pied!

Soins de base:

Le cure-pied : en hiver vous ne pouvez vous en passer! Car sous la boue (séchée ou non) peuvent se cacher fourchettes pourrissantes, cailloux enfoncés dans une sole ramollie par l’humidité et autres joyeusetées. N’oubliez pas  de retirer également un maximum de boue sur ses sabots et ses membres.  C’est grâce à cette toilette régulière que vous pourrez voir si crevasses ou gales de boues s’installent, mettre en place un rituel préventif ou, soigner les membres avant une infection plus profonde (si vous voulez vous motiver, allez taper « gale de boue » dans google image…).Une douche des membres tous les jours? Ce n’est pas nécessaire, voire source de problèmes. Un bon pansage, suivi sur les membres d’un brossage à l’aide d’un bouchon mouillé peuvent permettre de retirer la plus grande partie de la boue séchée collée à ses poils. 

Gros coup de coeur pour les limandes THQ GM Made In France pour le pansage d’hiver. Boue séchée, humide, poussière, rien en leur résiste et elles peuvent s’utiliser sur tout le corps du cheval. Depuis que je les ai testées, elles ne quittent plus ma boite de pansage!*

Attention : puisque l’humidité est source de problème et fragilise la peau de Loulou, pensez à ne pas être contre-productifs lors de vos soins et pansages : Gardez de vieux linges (serviettes de toilettes que vous n’utilisez plus par exemple) dans votre sellerie, et pensez à bien sécher ses membres après tout pansage, toute douche et/ou tout travail.

Cure de biotine:

La biotine est une vitamine (vitamine H) faisant effet sur tout l’organisme, mais particulièrement sur les productions épidermiques contenant beaucoup de kératine : peau, poils et corne. Avec une ration équilibrée, une cure de biotine peut contribuer à améliorer la vitesse de croissance et la dureté des sabots. Attention toutefois, si Loulou présente des carences notamment en cuivre ou en zinc, la biotine ne pourra agir correctement.

Et concrètement, ça se voit vraiment? Certains cavaliers disent que oui, d’autres peinent à en voir les effets. Dans tous les cas, commencer la cure avant d’avoir (au sens propre) les pieds dans la boue peut être une bonne idée. Si vous voulez tester, c’est donc le bon moment de vous lancer.

Prévention corne et fourchette:

Le goudron de Norvège va devenir votre meilleur ami. En spray ou en onguent il est préférable de l’appliquer appliquer dès que la sole commence à ramollir.  Curez, brossez, lavez et séchez (pour ne pas enfermer d’humidité sous la barrière imperméabilisante formée par le goudron), et appliquez sur la fourchette et la sole. 2 à 3 fois par semaine en prévention suffisent généralement amplement.

De mon côté, je ne l’utilise qu’en spray. C’est juste pour une question pratique, mais c’est un vrai gain de temps. Et Doudou apprécie que je ne lui garde pas le pied en l’air pendant des lustres.**

Pour les soins aux fourchettes, si les premiers signes de pourrissement commencent à se faire sentir (oui, oui, littéralement) ou se faire voir (aussi) vous pouvez traiter selon le stade : goudron de norvège, equisolid, vinaigre de cidre, liqueur de Valatte, etc… S’il existe de nombreuses méthodes pour traiter et prévenir le phénomène, et autant de remèdes de grands-mères dont l’efficacité est approuvée par cavaliers et propriétaires, nous ne saurions que trop vous conseiller de prendre conseil auprès de votre maréchal ferrant ou de votre vétérinaire. Ne laissez pas s’envenimer la situation.

*Nicolas, Cavalier de Dressage

** Clara, Cavalière de loisirs